PODCAST: Deep Dive #REBOOT Business Ep. 1

 

00:00 Intro

02:00 Qui est Tristan Lecomte ? 

  • Un sérial entrepreneur de l’Economie Sociale et Solidaire (ISS), acteur engagé de la cause environnementale
  • Fondateur de l’Association France-Népal, ONG 
  • Fondateur d’Alter Eco (1998): pionnier du commerce Équitable à grande échelle en France et en Europe
  • Fondateur de PUR (2008): Leader de l’Insetting, restauration d’écosystèmes naturels à forte séquestration carbone
  • Fondateur de Second Life (2022): récupération et recyclage du plastique océanique en Thaïlande et Indonésie

06:30 Comment passer à l’action, qu’est-ce qui empêche de se lancer dans les projets à impact?

  • Avoir pour objectif de créer du lien, d’une part de soi vers l’autre (partir du changement intérieur vers l’extérieur), d’autre part entre des acteurs de la même chaîne de valeur qui sont en rupture, comme les petits producteurs et les acteurs de la grande distribution. 
  • Cette posture suppose d’être dans le présent pour contempler et agir, lâcher prise, faire confiance à son intuition pour se mettre en mouvement. Ne pas craindre les critiques, sortir de la paralysie de l’éco-anxiété.

10:10 État des lieux de la prise de conscience dans les entreprises

  • La schizophrénie domnine: vouloir réduire tout en conservant la croissance
  • Les engagements des entreprises sont minimes et largement hypothétiques
  • Décalage entre la prise de conscience et les actions: personne ne réduit selon la trajectoire des accords de Paris, ni les individus, ni les entreprises, ni les États…
  • Les Accords de Paris ont paradoxalement abouti à complexifier le travail mené par PUR parce qu’ils ont ajouté des contraintes liées à l’enregistrement des contributions nationales volontaires, pour une contribution supplémentaire nulle

13:00 Définition de l’impact

  • L’impact selon PUR implique des co-bénéfices au-delà du Climat: Biodiversité, Sol, Eau…
  • L’impact pour une entreprise consiste à générer des impacts sociaux, environnementaux ou sociétaux positifs sous-tendus par un modèle économique 
  • Le standard Net Zero est le plus solide actuellement: il inclut désormais l’obligation de déterminer une trajectoire SBTi (alignée sur les accords de Paris) impliquant au moins 80% de réduction au sein de la chaîne de valeur, les 20% restants en “Carbon Removal”, notamment avec des “Nature Based Solutions” (principalement planter des arbres, les autres solutions n’étant pas matures à date)
  • Il est nécessaire pour les entreprises d’avoir des standards communs pour structurer les marchés de “Compensation”, or aujourd’hui il existe de fortes disparités des 2 côtés de l’Atlantique
  • Mais ne pas attendre la perfection pour se mettre en mouvement!

17:30 PUR Projet: qu’est-ce que c’est et pourquoi ?  

  • A l’origine, l’agroforesterie est née dans les filières Café (produit le plus échangé dans le monde après le pétrole) et Cacao
  • Puis d’autre modèles développé dans les filières Alimentaire, Cosmétique et Luxe
  • Dizaine de millions d’arbres plantés dans de nombreux pays
  • Centaines de milliers de fermiers qui accèdent à de nouveaux modèles agricoles qui génèrent de nouveaux services écosystémiques, de la qualité, de la résilience et des revenus additionnels.
  • Régénération écosystémique sur l’ensemble du territoire, de la ferme à l’ensemble du bassin versant, avec un impact positif sur la séquestration du carbone, la biodiversité, l’eau et les communautés. 
  • Côté entreprises clientes, cela permet de sécuriser leurs approvisionnements en qualité en en quantité, ainsi que de compenser leurs émissions carbone. 

24:10 Le marché du carbone

  • Le marché Carbone est l’étalon pour les entreprises avec ses systèmes de Certification, de Transparence, de Registres (pour éviter de vendre deux fois le même arbre) pour permettre la “Compensation” des émissions mesurées des entreprises.
  • Marché critiqué à juste titre, avec 3 segments distincts 
  • Energie: le gros du marché des crédits carbone, marché d’évitement d’émissions en substituant des énergies fossiles par des énergies renouvelables, qui pose des problèmes d’ “Additionnalité” (véritable évitement vérifié, par exemple que les éoliennes installées ont véritablement permis de fermer une centrale à charbon)
  • Nature Based Solutions ou Land-based: agriculture, forêts, zones côtières 
  • CSS Carbon Storage 
  • A l’origine mécanisme de solidarité international initié par le Protocole de Kyoto en 1997 via les MDP (mécanisme de développement propre) pour aider les pays du sud, mais ce mécanisme a été détourné par certains investisseurs de projets d’énergie renouvelables qui n’auraient pas besoin de ces crédits pour lancer de tels projets, car profitables sans eux, et donc bénéficiant d’un effet d’aubaine…
  • 75% des projets d’énergies ou réglementaires (entre les États) ne sont malheureusement pas additionnels, d’après la Commission européenne.
  • PUR ne fait que du gré à gré, accord entre les entreprises et de petits producteurs, certifiés carbone par des intervenants externes comme Verra ou Gold Standard.
    Donc pas du tout une logique de trader qui prend des marges substantielles, mais des projets à additionnalité à 100% pour les producteurs et les acheteurs de crédits.
  • Même si le marché devait s’adapter ou disparaître, il ne faudrait pas arrêter la lutte contre le changement climatique: après la réduction, planter des arbres reste la meilleure solution!

30:40 Les mécanismes des crédits carbone 

  • Dans le marché des NBS, il y a plusieurs interventions, comme l’agriculture regenerative, planter des arbres, ou protéger des forêts existantes
  • Planter des arbres correctement demande énormément de surface au sol. Les forêts tropicales sont celles offrant le plus grand rôle de protection de la biodiversité mais également les plus menacées, d’où la création des méthodologies type REDD+ pour conserver l’existant
  • La Conservation, notamment de forêt primaire, a sa propre certification (REDD+: reduce emissions from Deforestation and Degradation), qui mesure le carbone lié à une déforestation évité, en comprenant les “drivers” (causes) de cette déforestation pour mettre en place des actions correctives. C’est une méthodologie qui est très complexe à mesurer, et qui peut être très biaisée par des baselines exagérées qui génèrent 
  • Privilégier les projets de qualité: la tonne vaut 20 à 25$ , entre 60 et 100$ en France car les arbres poussent moins vite et il y a un moindre effet d’albédo. Planter en Sibérie ferait ainsi réchauffer la planète. L’impact par $ investi est donc 10 fois supérieur dans les zones tropicales humides.
  • Les Accords de Paris ont mené à un protectionnisme environnemental, qui est un contresens total: un projet de loi française devait obliger les entreprises à planter au moins 50% en local pour valider un investissement carbone. 
  • Le marché doit se structurer. Malgré ces problèmes, il faut garder les efforts pour lutter contre le réchauffement climatique, avec de vrais projets additionnels. 

39:30 La compensation carbone 

  • Compensation mise en place par les Nations Unies sur le principe de pollueur-payeur.
  • La  “Neutralité Carbone” est un mauvais terme trompeur, PUR encourage ses clients à communiquer sur les moyens déployés et non une prétendue neutralité 
  • Janco: Tant que tout le monde n’est pas neutre, personne n’est neutre – une neutralité isolée est du carbone washing. La loi climat française devait interdire ces claims qui sont pourtant utilisés au niveau international.
  • Il n’y a pas que le carbone: la biodiversité, l’eau, les sols, la justice sociale, et d’autres pollutions comme le plastique devraient faire l’objet d’autant d’attention
  • Il faudrait des marchés de “compensation” (ou contribution) holistiques sur l’ensemble des limites planétaires.
  • j’encourage les entrepreneurs à prendre un des 17 Objectifs de Développement Durable (ou limite planétaire) pour mettre en place un tel marché de compensation.
    NDLR: C’est la meilleure route pour re-intégrer les externalités négatives, engager la réduction et créer de la valeur.

43:20 Continuer à croître (le business) et réduire la voilure ? 

  • On est complètement à côté de la plaque!
  • Rappelons que les entreprises répondent à la demande des consommateurs 
  • dans les pays riches, on devrait réduire de 90% les émissions d’ici 2050, mais jusqu’ici nous sommes toujours au dessus des scénarii du Giec

46:20 Comment aborder le dilemme concrètement pour les entreprises

  • Il faut d’abord radicalement diminuer avant de compenser
  • Il faut change de modèle économique, et réduire l’intensité carbone du chiffre d’affaires, dématérialiser l’activité, favoriser la transition du secondaire au tertiaire, en passant du produit au service pour diminuer la production, augmenter les cycles de vie 
  • Le fabricant de moquettes Interface est un exemple inspirant de ce modèle circulaire
  • Modifier les narratifs et comportements pour accompagner les individus sur le chemin de cette décroissance de la consommation
  • La majorité des entreprises se positionnent sur une réduction en valeur relative par unité ou de production ou de revenu, or la réduction doit être en valeur absolue!

50:00 Les principaux verrous et comment les faire sauter

  • Pour les entreprises, soit elles voient le potentiel pour réduire les risques, stimuler l’innovation, attirer les talents, développer la fierté des parties prenantes autour de cet impact environnemental et social
  • Mais le vrai moyen de débloquer les choses, c’est de toucher le coeur des dirigeants

51:50 Pour aller plus loin, quoi lire?

  • La Révolution d’un seul brin de paille, écrit en 1973 par le Japonais Masanohu Fukuoka. Tout y est: il mêle la philosophie et l’agronomie de façon simple et inspirante. L’auteur promeut l’agriculture du non-agir et entrevoit comment les modes de production intensifs créeront des problèmes en chaîne. 

 

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